Remodeler l’enseignement supérieur
06 juin 2022
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- 6 juin 2022
Blog d’Evelyne Para, Représentante UN SI à l’UNESCO, Paris.
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« Repenser les idées et les pratiques dans l’éducation des futurs diplômés pour assurer un avenir durable à notre planète et à l’humanité, tel était l’objectif de deux conférences organisées par l’UNESCO auxquelles j’ai participé en mai 2022.
Avec pour thèmes principaux : « Réinventer l’enseignement supérieur » et « La science, la technologie, l’innovation et l’entrepreneuriat en appui aux ODD », ces deux rendez-vous ont été l’occasion d’échanger en ligne avec plusieurs acteurs sur diverses problématiques liées à l’éducation.
Quelles connaissances, aptitudes, compétences et valeurs les jeunes devront-ils acquérir pour travailler, devenir des citoyens du monde et vivre dans la dignité ?
Qui guidera ces changements : dirigeants institutionnels, décideurs politiques, chercheurs, étudiants, professeurs, employeurs, dirigeants communautaires, groupes de la société civile ? Comment intéresser les jeunes femmes aux echnologies du futur ?
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En introduction à la Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur (WHEC2022), qui s’est tenue à Barcelone du 18 au 20 mai 2022, les panélistes ont rappelé les différents facteurs ayant un impact direct sur la transformation actuelle des systèmes d’enseignement supérieur : évolutions technologiques et révolution numérique, nouvelles modes de travail, création de nouveaux emplois et destruction d’autres, mondialisation des économies, consommation de masse, mobilité et migration croissantes, enjeux sociétaux et environnementaux….
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Plus que jamais, nos sociétés ont besoin de travailleurs hautement qualifiés et compétents.
Bonne nouvelle : les taux d’inscription dans l’enseignement supérieur et la mobilité des étudiants ont augmenté dans toutes les régions du monde.
Aujourd’hui, sur les 220 millions d’étudiants dans le monde, 5,3 millions étudient à l’étranger, contre 2 millions en 2000. On peut aussi saluer la transition des universités vers un campus mondial d’apprenants, d’enseignants et de chercheurs. Néanmoins, d’énormes disparités subsistent.
Au cours de cette conférence, l’UNESCO a présenté sa feuille de route pour la prochaine décennie qui souligne que l’enseignement supérieur doit être un droit fondamental en mouvement dans le but de “ne laisser personne de côté”, avec l’inclusion et la prospérité partagée comme aspiration mondiale primordiale. Tout d’abord, la Convention mondiale sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur adoptée en 2020 par la 40e session de la Conférence générale de l’UNESCO, a établi des principes universels pour une reconnaissance équitable, transparente et non discriminatoire des qualifications de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, c’est une réalité pour des millions de personnes dans le monde, y compris les réfugiés .
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D’autre part, le programme UNITWIN/chaires UNESCO rassemble plus de 850 institutions de 117 pays, encourageant ainsi la coopération et la création de réseaux entre universités au niveau international pour renforcer les capacités institutionnelles par le partage des connaissances et la collaboration.
L’UNESCO a également lancé les Futurs de l’éducation, une initiative mondiale majeure visant à réinventer le savoir et l’apprentissage pour tous en favorisant la coopération internationale dans un monde de plus en plus complexe, incertain et précaire.
Enfin, lors de cette conférence de Barcelone, plusieurs témoignages et réflexions ont réuni des universitaires, des membres de la société civile, des collectivités locales, des chercheurs et des responsables politiques. Grâce à une plateforme interactive, des jeunes du monde entier ont également eu l’opportunité d’exprimer leurs opinions, leurs sentiments, leurs aspirations et leur engagement face aux défis et aux perspectives de l’enseignement supérieur.
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Le 24 mai 2022, de nombreuses ONG ont participé à un webinaire sur la science, la technologie, l’innovation et l’entrepreneuriat à l’appui des ODD, organisé par le Comité de liaison ONG-UNESCO. Les différents intervenants ont souligné l’importance vitale de la science, de la technologie et de l’innovation pour répondre aux défis auxquels l’humanité est confrontée, tels que les pandémies, le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, le stress hydrique et la persistance de la pauvreté dans certains pays, notamment en Afrique.
Cette rencontre a porté sur l’entrepreneuriat comme source d’autonomisation des femmes et d’opportunités de croissance économique, mais aussi sur les difficultés d’accès des jeunes femmes aux universités et écoles techniques professionnelles. Trop de filles sont encore freinées par la discrimination, les préjugés, les stéréotypes et les normes sociales qui influencent la qualité de l’éducation qu’elles reçoivent et les choix de matières qu’elles étudient. Malgré des améliorations significatives au cours des dernières décennies, la sous-représentation des filles dans l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM) est profondément enracinée et freine les progrès vers le développement durable.
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Les travaux coordonnés par l’UNESCO nous aident à comprendre ce qui cause cette situation afin d’inverser ces tendances. La publication « Cracking the code » propose un tableau mondial de cette sous-représentation, les facteurs qui la déterminent et suggère des exemples de moyens afin d’améliorer l’intérêt, l’engagement et la réussite des filles dans les STEM.
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Ces facteurs comprennent les normes sociales, culturelles et de genre qui influencent la manière dont les filles et les garçons sont élevés, apprennent et interagissent avec leurs parents, leur famille, leurs amis, leurs enseignants et la communauté au sens large, et façonnent leur identité, leurs croyances, leur comportement et leurs choix. Les filles sont souvent amenées à croire que les STEM sont un sujet «masculin» et que les capacités féminines dans ce domaine sont intrinsèquement inférieures à celles des hommes. Cela peut saper la confiance en soi, l’intérêt et l’envie des filles d’étudier les matières STEM.
Des environnements d’apprentissage favorables peuvent accroître la confiance en soi et l’efficacité personnelle des filles dans les STEM. Les opportunités d’apprentissage dans le monde réel telles que les activités parascolaires, les sorties sur le terrain et les stages en entreprise peuvent aider à susciter et à retenir l’intérêt des filles. Le mentorat semble être particulièrement bénéfique pour les filles, augmentant leur confiance en soi et leur motivation et améliorant leur compréhension des carrières STEM.
Au cours de ce Webinaire, diverses actions de terrain menées sur le continent africain par des ONG ont été mises en avant. Par exemple, le projet Women In Tech, qui a créé des compétences chez les filles et les femmes et réduit les inégalités au Bénin, ou le programme d’autonomisation SOAR pour les adolescentes marginalisées au Maroc, ou encore diverses formations aux technologies de l’eau sur le continent africain.
lecture recommandée
- Qu’est-ce que la Convention mondiale de l’UNESCO sur l’enseignement supérieur ?
- Guide pratique de l’UNESCO sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur
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